mercredi 19 mai 2010

IL N’EST PAS TROP TARD


Le samedi 17 avril 2010 selon le calendrier dit Grégorien, j’ai appris par un appel téléphonique que l’un de mes frères[1] au Mghrib,[2] de dix ans plus jeune que moi,[3] a fait un infarctus la veille et qu’il est hospitalisé dans une « clinique » à Salaa.[4]
Une de mes sœurs, domiciliée à Ddaar Lbida,[5] s’informe pour l’envoyer en France où il a résidé pendant de nombreuses années et dont il a des papiers de séjour et de prise en charge pour invalidité.[6]
L’éruption du volcan Eyjafjöll au Sud de l’Islande, à proximité du glacier Eyjallajökull commencée le mercredi 14 avril 2010 a entraîné dès le lendemain une grande perturbation du trafic aérien sur le plan mondial. Le nuage de cendre a été invoqué pour « expliquer » que les avions de pays « tout puissants » soient cloués au sol.[7]
Au Mghrib,[8] les appareils ne pouvaient pas décoller sans les autorisations de pays « tout puissants ».
Mon frère était obligé d’attendre ainsi que le neveu qui devait faire le voyage avec lui.
Les « médecins » de la « clinique » qui ne lui ont prodigué aucun soin, faisaient de leur mieux pour le plumer avant son transfert en France ou son arrêt cardiaque.[9]
Avec la réouverture de l’espace aérien, mon frère est arrivé en France le mercredi 21 avril 2010.
Une de mes sœurs, installée en région parisienne, a fait tout ce qu’il fallait pour son accueil et son hospitalisation.[10]
Ce frère avait dix ans lorsque je suis parti pour des études universitaires en France.[11]
Jusqu’au baccalauréat, j’ai passé de longues périodes à l’internat, c’est dire que je le connaissais très peu.
Je suis retourné au Mghrib en 1977.
Je ne me rappelle pas l’avoir revu.
Je viens juste d’apprendre qu’il avait quinze ans lorsqu’il avait quitté le pays, qu’il avait galéré en Espagne où il avait été lourdement condamné.
Il était revenu quelques mois à la maison avant de partir pour l’Asie à dix sept ans, l’année où je suis revenu au Mghrib justement.
Au bout de quatre ans, j’ai décidé de quitter Lmghrib et de retourner en France avec mon épouse et nos deux fils.
Très vite j’ai appris que ce frère y était.
Je ne pouvais pas l’empêcher de prendre une autre voie que celle où il était en perdition.
Je n’ai donc pas cherché à le voir et j’ai mis de la distance entre lui[12] et moi.
Des années sont passées.
Des saisons ont succédé aux saisons.
Alternance des jours et des nuits.
Les existences ici-bas de ma mère et de mon père se sont achevées.[13]
Flots de pensées.
Averses d’images.
Afflux de sensations.
Avec l’âge aussi peut-être, j’ai voulu faire un pas[14] vers des frères et des sœurs.
J’ai alors décidé de « renouer » des contacts avec les uns en dépit de certains blocages et de renforcer des relations avec d’autres.[15]
Mon frère hospitalisé suite à son infarctus avait quitté la France avec l’autorisation de la sécurité sociale[16] en l’an 2000 pour Almaghrib, gravement malade.
Il n’a pas quitté pour autant la voie qu’il suivait en France.
Et puis, il y a un peu plus d’un an, il s’est établi sur un terrain à la sortie de Lkhmiçaate, a construit un logement, et s’occupe depuis, avec un couple de paysans, de quelques vaches, de poulets, d’oies et de légumes.
S’éloigner de pratiques condamnables.
Fuir le chaos.[17]
Saisir le Sens.
Renforcer le Lien.
J’apprenais de temps à autre par téléphone que ce frère réfléchissait au Message,[18] lisait le Livre[19] et cherchait à changer.[20]
Lors d’une visite au début de son hospitalisation, il[21] m’a dit qu’il lui arrive de contempler profondément la nature, de se mettre à l’écoute, de méditer, de réciter Alqoraane, de faire des invocations, de penser fort à Allah, Seigneur des Univers.[22]
Après l’hospitalisation, il s’est réservé une soirée à la maison pour cuisiner.
Un parcours à travers le temps et l’espace.
Qu’Allah pardonne nos errements, nos compromissions, nos fautes, nos faiblesses, nos rancoeurs, nos insuffisances, nos incapacités et autres, nous protège des tromperies de achchaytane[23] et de tous les ennemis, nous accorde l’humilité, nous préserve de la cécité des cœurs, nous couvre des Bienfaits de Sa Miséricorde et nous aide à faire de notre mieux pour l’Adorer comme Il le demande.[24]


BOUAZZA


[1] Un des huit enfants (cinq garçons et trois filles) du troisième mariage de mon père (le deuxième mariage était avec ma mère).
[2] Maroc.
[3] Il est né en 1960 à Rbaate (Arribate), Rabat où sa mère a été emmenée pour l’accouchement.
1960 : quatre ans après l’octroi au Maroc de « l’indépendance dans l’interdépendance ».
Quelques mois auparavant, ma sœur (décédée en 1970 à l’âge de vingt huit ans) a eu son premier enfant.
Nous habitions à Lkhmiçaate (Khemisset), à moins de cent kilomètres de Rbaate.
1960 c’est aussi l’année où la ville d’Agadir a été détruite suite à un tremblement de terre.
Se reporter à mon texte intitulé « Mutations ».
[4] Salé, ville qui n’est séparée géographiquement de Rabat que par le fleuve Bou Rgraag, (Abou Raqraaq), Bouregreg.
Elle est située sur la rive droite de l’embouchure de ce fleuve.
Comme Arribaate, elle est sur Almouhiite Al-a-tlaçiyy (l’Océan Atlantique).
[5] La Maison Blanche, Casablanca.
[6] Il avait déjà été hospitalisé pour de graves problèmes du cœur et autres et a depuis de nombreuses années un lourd traitement à suivre.
[7] Se reporter à mon texte intitulé : « Le feu couve ».
[8] Le « r » roulé.
[9] La ligne directrice est de soutirer le maximum avant le décès du malade.
C’est un principe de base de certains « médecins » dans le pays de « l’indépendance dans l’interdépendance ».
Un pays dit « musulman » où l’un des fondements du système consiste pour chacun à dépouiller celui ou celle qu’ il peut et où il arrive que le fils dépouille le père, le tout paré du discours le plus « moral » évidemment.
[10] J’ai cependant piqué une grande colère et critiqué cette sœur sans ménagement avant l’arrivée de l’avion parce que j’ai estimé que son comportement n’était pas clair et j’ai imputé cela à des « manigances claniques » qui jalonnent le parcours de notre « famille ».
Il s’est avéré que dans ce cas, ma réaction n’était pas fondée.
J’ai demandé pardon et je continue d’invoquer Allaah pour qu’Il m’éclaire et me guide.
[11] Je n’avais pas encore vingt ans.
[12] Et d’autres membres de la « famille ».
[13] Le samedi 28 juin et le samedi 04 octobre 2008.
[14] Sans cautionner ce qui ne doit pas l’être.
[15] Je ne suis pas arrivé à « renouer » avec mon frère aîné (le premier enfant du premier mariage de mon père) et avec ma grande sœur (la première fille du mariage de mon père et de ma mère).
[16] Qui a estimé qu’il serait mieux « au sein de sa famille ».
[17] Alfitna.
[18] D’Allaah.
[19] Alqoraane (Le Coran) : synthèse, continuation et parachèvement du Message.
[20] Allaah ne change ce qu’il y a en une personne que lorsque cette personne change ce qu’il y a en elle.
[21] Il va avoir cinquante ans.
[22] Allaah ne pardonne pas l’associationnisme (achchirk) et pardonne le reste à qui Il veut.
[23] Satan.
[24] L’Islaam consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/

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