samedi 13 novembre 2010

RECONNAISSANCE

Je pense à mon frère qui a vingt six mois de moins que moi, à son épouse, à Sofiane[1] que j’ai connu par l’intermédiaire de mon plus jeune fils, aux croyants et aux croyantes[2] venus de tous les coins du monde, en train d’accomplir l’obligation du « hajj ».[3]
Mon cœur est avec eux.
Ils répétent « attalbiyya » :[4]
« Me voici devant Toi ô Allah, me voici devant Toi.
Me voici devant Toi, Tu n’as pas d’associé me voici devant Toi.
La Louange et la Grâce t’appartiennent ainsi que la Royauté, Tu n’as pas d’associé ».[5]
En Islam,[6] les croyants et les croyantes, pubères et sains d’esprit, sont tenus, lorsqu’ils le peuvent,[7] à un moment déterminé de l’année,[8] et selon des règles précises,[9] d’accomplir le Pèlerinage à la Demeure sacrée d’Allah[10] à Makka,[11] une fois durant l’existence ici-bas, ou plus s’ils le veulent.
Je ne vais pas relater tout le déroulement de cette obligation, mais quelques moments qui, je l’espère, susciteront l’envie de connaître les autres.
Voilà les pèlerins qui accomplissent « attawaf »,[12] hommes et femmes devant Allah.
Je pense à Léopold Weiss qui, à son retour à la croyance, a choisi de s’appeler Mohammad Asad et qui a parlé de ce retour en disant tout simplement que c’est « le retour du cœur dans sa patrie ».
Je pense à ce qu’il a dit sur « attawaf » :[13]
« Les mouvements corporels du pèlerin autour (de la Kaaba) symbolisent l’activité humaine, signifiant que, non seulement nos pensées et sentiments – tout ce que comprend l’expression «vie intérieure» –, mais aussi notre vie extérieure et active, nos actions et efforts pratiques doivent avoir Dieu pour centre. […].
Je marchais et, à mesure que les minutes passaient, tout ce qui avait été petit et amer dans mon cœur me quittait et je devins partie d’un courant circulaire. Était-ce donc la signification de ce que nous faisions : devenir conscient que l’on est partie d’un mouvement sur une orbite ? Était-ce, peut-être la fin de toutes les confusions ? Et les minutes se dissolvaient, le temps s’arrêtait et c’était le centre de l’univers […] ».[14]
Les voilà en prière, hommes et femmes devant Allah :
« Le corps droit, la tête légèrement penchée, les yeux baissés, immobiles dans les longs plis de leurs vêtements, ils semblent métamorphosés en un peuple de statues. A l’exemple de l’Imam,[15] placé devant eux, dans le même sens, et annonçant chaque phase de la prière par le takbîr : “Allah est le plus grand !”[16] Ils élèvent tous leurs mains grandes ouvertes à hauteur de leurs tempes, en témoignant leur extase devant la toute puissance du Maître des Mondes, puis tous, d’un même mouvement, ils courbent leurs dos et s’inclinent profondément devant Sa Suprême Majesté.
Mais ce geste ne leur suffit pas pour exprimer toute l’humilité de leurs âmes ; alors, ils s’effondrent vers la terre, se prosternent en y imprimant pieusement leurs fronts, leurs nez, et demeurent quelques instants dans cette attitudes de suppliants, comme écrasés sous le poids du Ciel tout entier, qui se serait prosterné avec eux […] Enfin ils redressent leurs poitrines et demeurent assis, les deux genoux à terre, la tête accablée sous le fardeau de leur ferveur. Une salutation, accompagnée d’un mouvement du visage à droite, puis à gauche, et s’adressant aux deux Anges qui ne cessent d’accompagner tout Croyant, termine la prière.
[…] ces gestes expressifs et simples, dans lesquels la dignité s’allie si parfaitement à l’humilité […] constituent le spectacle d’Adoration le plus poignant que l’on puisse imaginer ».[17]
Le jour de « ‘arafat »,[18] ils se retrouvent tous au même lieu.[19]
Ensemble, hommes et femmes devant Allah.
Le 09 du mois de dou alhijja.[20]
Si pour une raison quelconque une personne est empêchée d’y être, son pèlerinage n’est pas valable.
Pour les croyants et les croyantes qui n’accomplissent pas le pèlerinage, il est recommandé de jeûner ce jour et d’être avec les pèlerins par la pensée et par le cœur.
C’est à « ‘Arafat » que Mohammad, l’ultime Prophète et Messager[21] sur lui la bénédiction et la paix, a eu la révélation relative au parachèvement du Message d’Allah :
« Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et J’ai accompli sur vous Mon bienfait et J’ai agréé pour vous l’Islam comme religion ».[22]
Le 10 dou alhijja, c’est « ‘ide aladha ».[23]
À l’exemple du Messager Ibrahim[24] sur lui la bénédiction et la paix, les croyants et les croyantes font de leur mieux pour accepter les épreuves et obéir à Allah.
Ibrahim sur lui la bénédiction et la paix, était disposé à sacrifier son fils en signe d’obéissance.
Ce sacrifice n’a pas eu lieu, et dans Son Infinie Miséricorde, le Maître des Univers a fait que c’est un mouton qui a été sacrifié.[25]
La fête du sacrifice aide les croyants et les croyantes à ne pas oublier cet épisode et à réfléchir sur sa portée, comme la fête de la fin du jeûne du mois de ramadane,[26] les aide, à ne pas oublier la reconnaissance envers le Bienfaiteur.[27]
Je fais de mon mieux pour Adorer Allah, comme Allah le demande.
Pour m’abreuver à la Source.
Pour m’ouvrir au Message.
Pour vouloir la Parure de la Piété.
Pour saisir la Beauté.
Pour voir les Signes.
Pour goûter les Couleurs.
Pour déguster les Saveurs.
Et agir pour ici-bas comme si la vie ne s’arrêtait pas, et pour l’au-delà en pensant que je peux mourir à tout instant.[28]




BOUAZZA.

[1] Sofiaane.
[2] Almouminoune wa almouminaate.
[3] Le pèlerinage.
Se reporter à mon texte intitulé « Le pèlerinage ».
[4] L’invocation répétée pendant cette période comme réponse à l’Appel d’Allaah.
[5] C’est la talbiyya de Mohammad sur lui la bénédiction et la paix.
Hadite (hadith) rapporté par ‘Abd Allaah Ibn ‘Omar (le « r » roulé), qu’Allaah le bénisse.
Recueil authentique d’Alboukhaarii (le « r » roulé) qu’Allaah le bénisse.
Sahih Alboukhari, Beyrouth, Liban, édition dar alqalam, 1987, tome 1, hadite 1445, page 647.
Le hadite (hadith) renvoie à Assounna, c'est-à-dire à ce qui concerne la conduite de Mohammad sur lui la bénédiction et la paix.
Assouna procède d’Alqoraane (Le Coran).
Il nous semble inutile, dans le cadre de ce texte de donner les précisions relatives à la chaîne de transmission (sanade, isnaade).
Le fondement du Message d’Allaah, l’Unicité (attawhiid), se traduit par l’Adoration d’Allah sans jamais Lui donner d’associé.
« Achchirk » ou « associationnisme », consiste à accorder des attributs Divins à quiconque autre qu’Allaah.
Certaines personnes s’accordent à elles-mêmes des attributs Divins.
Allaah ne pardonne pas « achchirk », et pardonne le reste à qui Il veut.
[6] L’Islaam consiste à faire de son mieux pour Adorer Allaah, comme Allaah le demande.
[7] Lorsque leurs moyens matériels, physiques le permettent.
[8] Au mois de dou alhijja
[9] Se reporter aux documents pour avoir les diverses informations nécessaires.
[10] Bayte Allaah Alharam.
Se reporter à mon texte intitulé « La Demeure Sacrée d’Allaah ».
[11] La Mecque.
[12] Attawaaf, Les tournées autour d’« alka’ba » (la kaaba).
[13] Il a accompli l’obligation du pèlerinage avec son épouse Elsa, musulmane d’Autriche comme lui.
Décédée pendant cette période, elle est enterrée à la Mecque.
[14] Muhammad Asad, Le Chemin de la Mecque, Paris, Fayard, 1976.
Se reporter à mon texte intitulé « L’Essence ».
[15] Alimaame, le dirigeant (dans ce cas, celui qui dirige la Prière).
[16] Allaah akbar (le « r » roulé).
[17] Etienne Dinet et El-hadj Sliman Ben Ibrahim, La vie de Mohammed, Alger, La Maison des Livres, 1989.
Etienne Dinet est né à Paris en mars 1861. Son parcours ici-bas a été marqué par le retour à la Croyance. Il a écrit ce livre, avec Slimaane Ibn Ibraahiime (le « r » roulé) dans les premières années du vingtième siècle. Il est décédé à Paris en décembre 1929.
[18] 'Arafaate, traduit généralement par « reconnaissance » et rappelle les retrouvailles entre notre père Aadame (Adam) sur lui la bénédiction et la paix, et notre mère Hawwaa-e (Ève) qu’Allaah la bénisse qui, après leur expulsion du Paradis (aljanna), ont erré très longtemps avant de se retrouver.
« Ô Notre Seigneur, nous avons fait du tort à nous-mêmes et si Tu ne nous pardonnes pas et ne nous fais pas miséricorde, nous serons très certainement parmi les perdants ».
Alqoraane (le Coran), sourate 7 (chapitre 7), Ala’raaf, L’enceinte du Paradis, Les limbes, ayate 23 (verset 23).
C’est l’invocation adressée à Allaah par nos parents (les parents de l’humanité) après avoir cédé à la tromperie de satan (achchaytane) alors qu’Allaah les a mis en garde contre cet ennemi.
Allaah a pardonné à nos parents et ce fut pour les êtres humains le début de l’existence sur terre, et le commencement du Message que les Prophètes et les Messagers sur eux la bénédiction et la paix, ont eu pour mission de transmettre pour nous sortir des ténèbres à la Lumière.
Le même Message depuis Aadame sur lui la bénédiction et la paix.
[19] Aux environs de la Mecque.
[20] Douzième mois du calendrier musulman.
Cette année, le 09 dou alhijja dans le calendrier dit Grégorien est le lundi 15 novembre 2010.
[21] Chargé par Allaah de transmettre Alqoraane (Le Coran) qui est la synthèse, la continuation et le parachèvement du Message.
[22] Alqoraane (le Coran), sourate 5 (chapitre 5), Almaa-ida, La table, La table servie, ayaate 3 (verset 3).
[23] ‘Iide aladhaa, la fête du sacrifice.
[24] Ibraahiime (le « r » roulé), Abraham sur lui la bénédiction et la paix.
[25] C’est en souvenir de cet épisode que les croyants et les croyantes qui le peuvent, procèdent au sacrifice d’un mouton.
[26] ‘Ide alfitr, ‘iide alfitr (le «r» roulé).
[27] Se reporter à mon texte intitulé « Miséricorde ».
[28] Voir :
http://raho.over-blog.com/
http://paruredelapiete.blogspot.com/
http://ici-bas-et-au-dela.blogspot.com/

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